Un article consacré aux conséquences, à court et long termes, de la décision allemande de sortie du nucléaire en matière de transition énergétique, pour l'Allemagne mais également pour l'Union européenne.
Points clés :
LA SORTIE DU NUCLÉAIRE : UNE DÉCISION PROGRAMMÉE MAIS ACCÉLÉRÉE PAR FUKUSHIMA
Les décisions post-Fukushima s’inscrivent dans un processus de sortie du nucléaire et de restructuration du système électrique engagé et préparé depuis dix ans. L’arrêt anticipé des huit centrales les plus anciennes a ainsi été compensé en 2011 par une augmentation de la production d’électricité renouvelable et une réduction du solde exportateur, sans engendrer un recours accru à la production d’origine fossile durant cette première phase d’adaptation.
LES DÉFIS À COURT TERME
À l’horizon de la sortie définitive en 2022, la restructuration du secteur électrique représente un double défi : des investissements considérables sont nécessaires pour compenser le nucléaire et remplacer une partie des centrales à charbon ; et le décalage croissant entre le rythme de déploiement des énergies renouvelables et l’insuffisante adaptation des infrastructures- réseau représente une contrainte croissante pour l’Allemagne, avec des effets déstabilisateurs sur le système électrique européen. L’impact marginal des décisions post-Fukushima sur la réalisation de l’objectif climat 2020 devrait néanmoins être limité en cas de maintien d’une politique climatique rigoureuse et considérant que cet objectif avait été fixé en fonction du calendrier initial de sortie du nucléaire.
UNE STRATÉGIE DE TRANSITION GLOBALE ET À LONG TERME
Tout en ayant une portée politique décisive, la sortie du nucléaire ne constitue pas une fin en soi, mais s’inscrit au contraire dans un projet de tournant énergétique à long terme. Celui-ci vise à atteindre une réduction des émissions de GES d’au moins 80 % à l’horizon 2050 à travers un effort important d’efficacité énergétique et une substitution des énergies fossiles par les énergies renouvelables dans tous les secteurs. Dans cette perspective, les décisions post-Fukushima pourraient jouer un rôle de déclencheur politique important par le consensus qu’elles ont suscité. A contrario, l’absence d’un signal politique fort dans la décennie actuelle augmenterait considérablement le risque d’un lock-in technologique et ralentirait la nécessaire sortie du charbon.
L’impact de la décision post-Fukushima sur le tournant énergétique allemand
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