Outil majeur de mise en œuvre du développement durable sur les littoraux, l’application de la GIZC est aujourd’hui profondément centrée sur une approche projet, au détriment notamment de l’approche normative. Forme particulière d’organisation de l’action, l’approche projet et sa primauté posent question tant par des limites intrinsèques reconnues que par un bilan peu avantageux – malgré l’intensité des efforts déployés – pour ce qui est d’apporter du changement dans la façon dont les zones côtières sont réellement gérées.
Cet article se consacre dès lors à la recherche d’un meilleur équilibre entre approche projet et approche normative. Usant d’un détour par une analyse rétrospective et bibliographique de l’émergence de la GIZC dans le monde, nous expliquons les enjeux et limites de l’approche projet, qui renvoie à des automatismes intellectuels et administratifs forts éloignés de toute considération stratégique sur le meilleur moyen de mettre en œuvre la GIZC.
Nous appuyant en particulier sur l’exemple du cadre méditerranéen, nous nous employons à réduire ce déficit stratégique en fournissant des indications quant aux articulations souhaitables entre les deux approches étudiées. Si la mise en œuvre de la GIZC ne se programme pas plus qu’elle ne se décrète, nous montrons que le projet prend justement tout son sens dans son association à un cadre juridique, existant ou en émergence. La conception des projets de GIZC doit refléter cette exigence : c’est dans cette articulation que les projets puisent leur sens et leur légitimité au regard d’une logique de changement des modes de gestion du littoral et c’est à l’aune de cette contribution qu’ils doivent être évalués.