Un article écrit par Pierre Blanc et Matthieu Brun, publié dans le n°191 (janvier-juin 2013, pp. 129-148) de la revue Études Rurales.
Résumé :
« En proie à des bouleversements politiques majeurs, le monde arabe demeure soumis à la dictature d'un milieu aride, qui se double d'une transition démographique particulièrement intense. Cette relative homogénéité masque des différences dans le choix des politiques agricoles, les pays à économie de rente fondée sur l'exploitation des hydrocarbures ("pays jaunes") se distinguent nettement des pays tournés vers la production agricole ("pays verts"). Quoique contredite par l'Arabie saoudite, cette dichotomie éclaire assez bien les différences d'options en matière de sécurisation alimentaire : les pays verts ont cherché à réduire leur dépendance par la production intérieure quand les pays jaunes privilégiaient l'accès aux marchés internationaux. Cependant, avec le temps, les premiers promouvaient une agriculture d'investisseurs plus enclins à exporter qu'à résoudre l'équation alimentaire nationale, tandis que les seconds se projetaient dans le monde via des investissements de firme, dans des aires choisies selon des critères culturels et géographiques. Aussi, si les pays verts sont les récepteurs d'une agriculture de firme, les pays jaunes en sont plutôt les émetteurs : dans les deux cas, les conséquences sociales et géopolitiques ne sont pas neutres. »