De nombreux pays ressentent dores et déjà les effets du changement climatique. Pourtant, notre défi est que pour faire face à cette urgence, nous devons penser à des horizons temporels différents. D'une part, pour atteindre un monde « bien en dessous de 2 degrés » ou « 1,5 degré », nos économies et nos sociétés doivent opérer des transformations si radicales qu'elles ne peuvent être envisagées que sur le long terme. D'autre part, les décideurs doivent prendre des décisions aujourd'hui. Ces décisions peuvent soit préparer les bases des transformations nécessaires, soit nous enfermer dans une trajectoire d'émissions élevées et de vulnérabilité aux impacts climatiques. En d'autres termes, le défi consiste à relier les objectifs climatiques à long terme aux choix politiques actuels et à les intégrer dans les priorités de développement.
Au cœur de ce défi se trouve le fait que se fixer des objectifs, aussi ambitieux soient-ils, est un grand pas... mais insuffisant en soi. Les implications de ces objectifs doivent être analysées dans le cadre d'un débat national et soutenues par des politiques. Les pays devraient non seulement planifier le déploiement de technologies propres, mais aussi examiner comment un avenir à faibles émissions de carbone pourrait répondre à leur future demande de transport ou à leurs objectifs en matière d'accès à l'énergie.
Puisque nous sommes ici pour présenter des solutions... l'Iddri a développé une approche pour développer des stratégies climatiques à long terme, qui détaillent les différents moteurs d'une trajectoire de décarbonation, et peuvent aider à mettre en lumière les conditions d'une plus grande ambition.
L'Iddri a déjà travaillé avec des équipes de recherche dans 16 pays représentant 70 % des émissions mondiales de GES, qui ont contribué à leur planification nationale du climat.
Nous voyons quatre avantages principaux à notre approche :
- Apprentissage par les pairs : nous choisissons de coordonner le travail de plusieurs pays à la fois et de nous assurer qu'ils utilisent une méthodologie cohérente. Cela facilite l'apprentissage mutuel entre les différents pays.
- Renforcement des capacités : chaque trajectoire est entièrement dirigée par des équipes de recherche locales. Cela contribue à une plus grande appropriation des trajectoires de décarbonation et permet de s'assurer qu'elles prennent en compte le contexte des pays.
- Flexibilité : notre méthodologie est applicable à pratiquement tous les secteurs ou contextes nationaux. Les pays peuvent choisir d'informer plus en détails un aspect de la transition qu'ils jugent important.
- Engagement des parties prenantes : les hypothèses et les résultats doivent être transparents afin de permettre un débat éclairé avec les entreprises, l'industrie et la société civile.
Les stratégies de décarbonation ne doivent pas seulement tenir compte des priorités de développement, mais aussi des impacts climatiques futurs. Jusqu'à présent, notre travail s'est concentré sur l'atténuation, mais notre approche pourrait être explorée pour élaborer des stratégies de résilience à long terme.
Nous espérons voir davantage de parties, mais aussi de villes et d'entreprises, élaborer des stratégies climatiques à long terme, et que celles-ci serviront de base aux discussions sur la faisabilité et l'opportunité des trajectoires de décarbonation. Notre approche et le travail des équipes de ces pays constituent une base permettant à tous de renforcer leur ambition de manière crédible. Nous sommes prêts à offrir notre soutien et veiller à ce que chacun s'engage et se mobilise en faveur d'une ambition plus élevée et plus crédible d'ici 2020.
Ce texte est la transcription d'une intervention de l'Iddri dans le cadre du Dialogue de Talanoa organisé par la présidence fidjienne de la COP 23 pour éclairer l'examen des contributions des États en matière de climat d'ici 2020. La présidence a posé trois questions (« Où sommes-nous ? Où voulons-nous aller ? Comment y parvenir ») auxquelles ont répondu les représentants des pays et les acteurs non étatiques lors de tables rondes. L'Iddri a présenté l'approche DDPP dans le contexte de la troisième question, soulignant ses avantages pour atteindre la neutralité carbone dans la seconde moitié du
Photo : IISD Reporting Services