En tant que think tank, l’Iddri a joué un rôle significatif dans le chemin qui a mené à l’Accord de Paris, en proposant des analyses et en conviant à des dialogues informels sur les pans clés du futur accord, notamment sur la question de l’ambition de l’action climatique. Cette implication de l’Iddri s’est poursuivie par la production de décryptages sur le mécanisme d’ambition inclus dans l’accord, qui mêle révisions régulières des contributions nationales, stratégies de long terme pour informer la cohérence de ces contributions et réunions de bilan tous les cinq ans.
L’institut a également été moteur dans la production d’analyses scientifiques étayant ces éléments. En amont de la COP 21, le Deep Decarbonization Pathways Project (DDPP) a démontré qu’il était possible, dans seize pays parmi les principaux émetteurs de gaz à effet de serre, de décarboner en profondeur le secteur énergétique, condition clé pour l’atteinte d’objectifs climatiques ambitieux, et que cette décarbonation pouvait être compatible avec les objectifs de développement tels que définis spécifiquement par chaque pays. Depuis la COP 21, l’Iddri a continué à renforcer ces analyses, en les étendant à d’autres contextes géographiques (des instituts de quarante pays constituent désormais le réseau) et en s’intéressant de près à d’autres secteurs clés (notamment le transport).
L’Accord de Paris affiche l’objectif de contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation à 1,5 °C. Mais, au moment où cet accord a été signé, peu de connaissances solides étaient disponibles sur les spécificités d’un monde à +1.5°C, notamment par rapport à un monde à +2°C. Les pays ont donc demandé au Groupe intergouvernemental d'experts sur l’évolution du climat (Giec), l’instance internationale de référence de la recherche sur le climat, de produire un rapport spécial sur le réchauffement global de +1.5°C, qui synthétise la littérature scientifique sur ce sujet émergent à destination des décideurs.
Après deux ans de travail mobilisant une centaine d’auteurs autour de l’analyse de plus de 6 000 études scientifiques, ce rapport a été publié le 8 octobre 2018. Ses conclusions donnent des indications très claires pour la structuration des discussions sur le climat pour les prochaines années. Le rapport montre que :
- chaque augmentation minime de température induit un accroissement sensible des impacts sur les écosystèmes et les populations ;
- les engagements actuels sont largement insuffisants pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris ;
- l’atteinte de ces objectifs requiert des transformations immédiates et radicales
dans tous les systèmes et secteurs ; - ces transformations peuvent aller de pair avec les Objectifs de développement
durable si les actions sont enclenchées immédiatement, de façon coopérative
et si les actions sont décidées en tenant compte des synergies entre objectif climatique
et objectifs de développement.
L’Iddri s’est impliqué directement dans la préparation du rapport du Giec, via l’engagement d’Henri Waisman comme auteur coordinateur du chapitre 5 sur le développement durable, l’éradication de la pauvreté et la réduction des inégalités. À ce titre, l’Iddri a également participé à la large diffusion des messages issus du rapport via, notamment, une présence médiatique soutenue autour de la sortie du rapport et la participation à de nombreux événements de présentation des conclusions du rapport et de discussion avec différents acteurs. De plus, la réalisation d’une étude permettant de diffuser dans le débat public la notion de neutralité carbone a permis de sensibiliser une diversité d’acteurs à ce concept et à en discuter les implications pour l’action.