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Il est possible de mettre en oeuvre des trajectoires de sortie du charbon compatibles avec l’Accord de Paris, tant du point de vue social qu’économique, dans les principaux pays producteurs et utilisateurs de charbon d’ici 20 ou 30 ans, selon un nouveau rapport publié aujourd’hui.
Le rapport « Mettre en oeuvre les transitions vers la sortie du charbon : enseignements tirés des études de cas sur les principales économies consommatrices de charbon » indique que :
- les grandes économies utilisatrices de charbon peuvent pratiquement se passer du charbon sans augmentation significative des coûts de l’électricité pour les consommateurs, tout en tirant des bénéfices économiques et sociaux d’une transition vers de nouvelles industries ;
- le pic de production et le déclin du charbon à l’échelle mondiale approchent plus rapidement qu’anticipé jusqu’ici : la demande en charbon pourrait reculer avant 2025 ;
- l’élaboration de stratégies de transition vers la sortie du charbon est plus urgente que jamais car les acteurs économiques et la société se détournent du charbon ;
- les principaux pays exportateurs, notamment l’Australie et l’Afrique du Sud, apparaissent mal préparés au ralentissement à venir de la demande mondiale en charbon ;
- une simple baisse de 5 à 10 % de la consommation intérieure de charbon en Chine, du reste insuffisante pour respecter l’Accord de Paris, pourrait néanmoins réduire d’un tiers les volumes échangés sur le marché mondial, faisant ainsi baisser le prix du charbon.
Le consortium « Coal Transitions : Research and Dialogue on the Future of Coal », dirigé par le think tank français Iddri et le réseau de recherche britannique Climate Strategies, vise à explorer les trajectoires pour l’avenir du charbon.
Coal Transitions a collaboré avec des instituts de recherche de premier plan dans six grands pays consommateurs de charbon – la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, l’Australie, la Pologne et l’Allemagne – afin d’évaluer les politiques actuelles et de développer des trajectoires de sortie du charbon d’ici 2050 qui soient économiquement viables et socialement justes, conformément à l’Accord de Paris.
Oliver Sartor, coordinateur du projet Coal Transitions à l’Iddri, souligne : « les stratégies prospectives développées par les experts dans les six pays montrent qu’avec les bonnes politiques, le charbon pourrait être pratiquement éliminé du secteur énergétique dans les 20 à 30 prochaines années dans chacun des six pays. Cela pourrait se faire sans augmentation significative des coûts de l’électricité pour les consommateurs.
« Par exemple, en Inde, il est prouvé que les mini-réseaux fonctionnant à base d’énergie renouvelable permettent un accès à l’électricité plus fiable et moins cher pour les populations pauvres, avec des retombées positives pour le développement économique et la santé humaine.
« Notre analyse conclut que le scénario le plus probable est désormais celui d’un déclin de la demande mondiale en charbon à partir du début ou du milieu des années 2020. Cette situation s’explique par le rééquilibrage de l’économie chinoise, l’importance politique croissante de la qualité de l’air et des sols et de la disponibilité en eau dans les pays en développement, ainsi que par le simple fait que l’accès à l’électricité renouvelable coûte désormais moins cher que l’électricité au charbon. »
Le rapport cite par exemple des travaux de recherche récents qui montrent qu’en 2030, 70 % de la population mondiale dépourvue d’accès à l’électricité pourrait être approvisionnée à moindre coût grâce à des solutions à petite échelle composées d’énergie renouvelable associée à des batteries plutôt qu’au moyen de centrales au charbon ou au gaz.
Selon le pays, le charbon pourrait être remplacé par différentes options alternatives, notamment des énergies plus propres, l’efficacité énergétique et, dans certains cas, des quantités résiduelles de charbon avec capture et stockage de carbone. Les autorités nationales et locales pourraient également étudier la possibilité de mettre en oeuvre de nouvelles activités économiques s’appuyant sur des secteurs innovants.
Le rapport sur les transitions vers la sortie du charbon identifie également la manière dont les travailleurs de l’industrie du charbon et leurs communautés pourraient bénéficier d’une transition juste du charbon vers de nouvelles industries. Ces solutions doivent être propres à chaque contexte et discutées avec les parties prenantes. Cependant, le principal facteur de réussite consiste à anticiper plutôt qu’attendre que l’économie se détourne du charbon.
Andrzej Błachowicz, directeur général de Climate Strategies, constate : « la transition juste n’est parfois qu’un slogan, mais nos études prouvent que cela peut fonctionner, même dans le peu de temps qu’il reste. Une transition juste doit permettre une meilleure orientation des jeunes travailleurs vers des emplois alternatifs, un départ à la retraite naturel des employés âgés et, pour ceux qui sont au milieu de leur carrière, de trouver des emplois dans le cadre d’une reconversion adaptée et de programmes de reclassement ».
Lola Vallejo, directrice du programme Climat de l’Iddri, explique : « plus de 30 gouvernements et une cinquantaine d’entreprises se sont engagés à éliminer progressivement le charbon du secteur de l’électricité d’ici 2030, dans le cadre de l’alliance Powering Past Coal Alliance. Au moment où de véritables dialogues sur les politiques de transition vers la sortie du charbon sont en train d’émerger dans des pays en développement comme l’Afrique du Sud et la Chine, les pays devront préciser de quelle manière ils envisagent de s’éloigner des combustibles fossiles lors de la prochaine révision de leurs contributions déterminées au niveau national à l’Accord de Paris, en 2020. »
Vous trouverez ici le rapport de synthèse, les six rapports sur la Chine, l’Inde, l’Australie, l’Afrique du Sud, l’Allemagne et la Pologne, ainsi que le rapport sur le marché mondial du charbon.
>> En savoir plus sur le projet Transition Charbon
Voir aussi le site web dédié au projet (Climate Strategie - Iddri)
Instituts de recherche ayant contribué au projet Coal Transitions :
Instituts de coordination du projet :
L'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), Paris, France
Climate Strategies, Londres, RU
Instituts de recherche nationaux :
Tsinghua University, Chine
Indian Institute of Management, Ahmedabad (IIMA), Inde
Indian Institute of Information Technology (IIIT), Allahabad, Inde
Energy Research Center (ERC), Université du Cap, Afrique du Sud
Crawford School of Public Policy, Université nationale australienne, Australie
Melbourne Sustainable Society Institute, Université de Melbourne, Australie
Institute for Structural Research (IBS), Pologne
Institut allemand pour la recherche économique, Berlin (DIW Berlin), Allemagne
Projet financé par la Fondation KR