À défaut d’un vrai débat sur le projet européen, on peut craindre que la campagne pour l’élection du nouveau Parlement en mai 2019 se limite à des questions binaires du type « pour ou contre » ou « plus ou moins » d’Europe, ou se focalise sur les questions de migrations, de sécurité et de défense. Ceci ne serait pas à la hauteur des ambitions qui ont présidé à la construction européenne ni à celle des défis, aujourd’hui très différents de ceux d’il y a soixante ans, qui se posent à elle.
Alors que l’Union européenne a été fondée pour favoriser la paix, la croissance économique et la consolidation de la démocratie en Europe, la réalité des enjeux a profondément évolué : les inégalités sociales ne cessent d’augmenter[1], les disparités régionales demeurent, le chômage des jeunes dans les États membres du sud est très préoccupant, la mondialisation et le multilatéralisme sont remis en cause, la dégradation de l’environnement planétaire est devenue une question vitale, l’ampleur potentielle des migrations préoccupe les États membres. Dans le même temps, l’Europe doit renouveler ses modèles productifs, pour développer sa capacité à innover et opérer une transition vers des secteurs d’avenir, y compris les énergies renouvelables, les transports bas carbone, etc.
Tous ces éléments et bien d’autres doivent être compris, réfléchis et débattus pour infléchir et enrichir le projet européen pour les décennies à venir, que le Parlement élu en 2019 devra, avec le Conseil et la Commission, amorcer. C’est dans ce contexte que l’Iddri organise le mercredi 26 septembre avec PSIA à Sciences Po une conférence réunissant deux table rondes de décideurs et experts de haut niveau et de multiples horizons autour du projet européen, dans le cadre des Consultations citoyennes sur l’Europe.
Parce que l’Europe doit se construire sur ce qui nous rassemble, nous leur demanderons en particulier si l’Europe peut participer à rénover la mondialisation, c’est-à-dire à formuler et mettre en œuvre en interne et à projeter à l’international les conditions d’une mondialisation régulée, au service de la réduction des inégalités, de la solidarité et tenant compte des limites planétaires. Une mondialisation compatible avec la vision commune de l’avenir à 2030 sur laquelle tous les États, au premier rang desquels l’Union européenne et ses États membres, se sont engagés en 2015, à travers l’adoption des Objectifs de développement durable.
L’Iddri fait des propositions en ce sens dans de nombreux domaines :
- renouvellement du modèle agricole et alimentaire européen et réduction de la déforestation importée,
- gouvernance et mise en œuvre concertée de la transition énergétique,
- orientation des accords commerciaux,
- construction d’un budget européen au service du développement durable.
Dans un tel débat, l’Iddri ne travaille pas seul mais en alliance avec des think tanks d’autres États membres. Aussi, après la conférence de cette semaine à Paris, nous vous donnons rendez-vous à Bruxelles les 17 et 18 octobre pour deux événements au Parlement, l’un au sein au sein du Think 2030 sur les modalités de mise en œuvre des ODD en Europe, l’autre au sein du European Think Tanks Group sur l’avenir de la coopération internationale de l’UE.
[1] Comme le montre encore le dernier rapport Eurostat : Sustainable development in the European Union