Au début des années 2000, la doctrine internationale prône le recouvrement durable des coûts de la fourniture d’eau dans les villes en développement par la combinaison de taxes, tarifs et transferts. Qu’en est-il en pratique ? Comment répartir le financement entre usagers, contribuables et pouvoirs publics ? Peut-on trouver un équilibre qui assure la durabilité de la desserte ?
Au-delà des besoins en investissements pour les infrastructures, la fourniture durable de services essentiels suppose une vision de long terme de leur financement : d’une part, la prise en compte des coûts de fonctionnement, maintenance et renouvellement ; d’autre part, une définition du prix et une répartition équitable de la charge. Or les modalités de formation et de partage de ces coûts ne correspondent pas aux modèles de financement élaborés ex ante. Ils dépendent des conditions territoriales de déploiement des services, de la gouvernance locale, du degré de décentralisation, du positionnement de l’opérateur, de choix politiques quant à la desserte des quartiers précaires…
Pour illustrer concrètement la manière dont le financement des services repose sur un enchaînement d’arrangements et des ajustements continus, un chercheur et une praticienne apporteront une double lecture – critique et pragmatique – du cas de l’extension des services d’eau, d’assainissement et d’électricité à Casablanca au Maroc. À partir de ce cas d’étude, ce séminaire sera l’occasion d’analyser les modalités réelles du financement des services essentiels, en lien avec les dynamiques d’urbanisation, la planification territoriale et la gouvernance locale :
- Quel est le coût réel de la fourniture ? Quels sont les déterminants et les composantes de ce coût : investissements, mais aussi fonctionnement et maintenance, coûts de transaction et d’opportunité ? Comment intégrer et anticiper les externalités et coûts imprévus de la mise en œuvre de projets de raccordement ?
- Qui finance quoi ? Quelles décisions influencent la répartition de la prise en charge par les différents acteurs ? Quelles sont les modalités de péréquation et de répartition dans le temps de la charge financière ?
Ces interventions se fondent sur une recherche co-pilotée par l’Iddri et l’IRD sur le coût complet des services essentiels. Les résultats d’études au Niger, à Vientiane (Laos) et à Casablanca (Maroc) ont été capitalisés dans le Brief de l’Iddri : Le coût réel de la fourniture de services essentiels et son partage – Leçons de trois villes en développement.
Ressources
Interview de Pascale Guiffant
Interview de Claude de Miras