à Reid Hall - de 12h30 à 14h00
Depuis 1992 et le lancement du Forest Stewardship Council, standard de certification devant garantir une gestion durable des forêts, de nombreuses certifications ont vu le jour. Elles concernent une gamme toujours croissante de filières prenant en compte les aspects tant sociaux qu’environnementaux : RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil) pour l’huile de palme, RTRS (Round Table Responsible Soy) pour le soja, MSC (Marine Steward Council) pour la pêche, mais aussi Max Havelaar, Rainforest Alliance ou encore 4C pour le café… Ces mécanismes de certification s’appuient en premier lieu sur l’élaboration d’un cahier des charges dont le respect, garanti par des auditeurs tierces parties, doit assurer la durabilité du produit concerné. Ils reposent d’autre part sur l’hypothèse que le consommateur est prêt à payer plus cher un produit plus « responsable », identifiable sur le marché par la labellisation associée au respect du cahier des charges. Mais les effets et les conséquences de ces mécanismes restent l’objet de débats entre partisans et opposants de la certification.
De nombreux travaux se sont intéressés à la portée des mécanismes de certification et à leurs conséquences, selon des perspectives très différentes. Certaines études mettent ainsi en avant la faible portée transformative de la certification, qui reste cantonnée dans la plupart des cas à des marchés « de niche ». D’autres ont montré comment la concurrence entre standards conduisait à diminuer les exigences des cahiers des charges. D’autres encore ont mis en lumière les contraintes que faisait peser le développement de la certification sur les petits producteurs.
Si de nombreux auteurs s’accordent sur les bénéfices de la certification — créer et entretenir un dialogue entre les différentes parties prenantes d’une filière, élaborer des cahiers des charges de plus en plus ambitieux, communiquer auprès des consommateurs —, tous soulignent cependant les « promesses non tenues ».
Dans ce contexte, une approche cherchant à dépasser certaines de ces limites, aujourd’hui bien documentées, a récemment été formalisée. Portée en particulier par l'organisation à but non lucratif Suisse The Forest Trust (TFT), cette proposition s’appuie sur la mise en réseaux d’entreprises multinationales concernées par les problèmes environnementaux et sociaux associés à leur activité et prêtes à s’engager dans un processus de transformation, avec un ensemble d’ONG locales, nationales et internationales qui tout à la fois accompagnent cette transformation et s’assurent que les promesses faites sont respectées. Baptisée « VT-TV » pour Valeur-Transparence-Transformation-Vérification, l’approche fait l’objet d’un débat grandissant parmi les tenants ou opposants à la certification.
Alors que les entreprises multinationales jouent un rôle croissant dans la gouvernance du secteur agricole et agro-alimentaire et que la production agricole apparaît comme l’un des principaux moteurs de la perte de biodiversité en particulier en contexte tropical, cette séance du séminaire donnera la parole à Bastien Sachet, directeur exécutif du TFT. Il présentera notamment les fondements de cette approche, la manière dont elle est aujourd’hui opérationnalisée au sein du TFT et les résultats qu’elle a permis d’atteindre. Pierre-Marie Aubert, sociologue, chargé de recherche à l’Iddri au sein des programmes Agriculture et Alimentation et Biodiversité, réagira sur cette présentation en questionnant notamment les conditions à réunir pour déployer l’approche VT-TV à plus grande échelle et les conséquences possibles d’un tel déploiement.