À quelles conditions peut-on continuer à produire du cacao, et donc consommer du chocolat, sans ajouter aux processus de déforestation à l’œuvre dans les forêts tropicales ? Peut-on étendre la production dans les forêts tout en préservant la biodiversité ? Face à ces questions, beaucoup voient « l’agroforesterie », c’est-à-dire la culture de cacaoyers en association avec d’autres arbres, comme la principale solution. Pourtant, la notion d’agroforesterie recouvre de nombreuses réalités de terrain, qui ne sont pas toutes compatibles avec une préservation de la biodiversité. Dans quelle mesure, à quelles conditions et dans quels contextes l’agroforesterie permet-elle de répondre aux questions ci-dessus ? Ce Décryptage propose un état des lieux des connaissances et des pistes pour une culture durable du cacao, tenant compte des différents contextes régionaux.
Messages clés
- Implanter des arbres d’ombrage dans les cacaoyères, dans une logique dite « agroforestière », ne suffit généralement pas pour compenser la déforestation, ni en termes de carbone stocké, ni en termes de diversité et d’abondance des arbres.
- Pour arrêter la déforestation importée du fait du chocolat, les importateurs devront donc adopter une politique stricte zéro déforestation qui exclut tout cacao issu d'une zone de forêt classée, et tout cacao issu d'une zone déforestée, même légalement, après 2016.
- Les politiques d'aide au développement du secteur devront être adaptées selon les zones de production : en Afrique de l’Ouest, soutien à la restauration de la biodiversité dans les cacaoyères, plutôt qu’un recours à l’agroforesterie simple ou minimale comme aujourd’hui, qui ne permet pas de compenser la déforestation ; en Amérique latine, renforcement des filières « vertueuses », et notamment des formes d’agroforesterie complexes associées à un bon niveau de biodiversité ; en Afrique centrale, appui à la délimitation entre zones forestières, à placer hors production, et zones agricoles où la production pourra se développer.