Ce papier identifie les principales questions relatives au financement de la lutte contre le changement climatique, actuellement en débat dans différentes enceintes de négociation, au sein et en dehors de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Le « financement climat » est en effet une question complexe, à la fois techniquement (quels flux comptabiliser, quelles sources de financements, etc.) et politiquement (fragmentation des débats). Dans ce contexte, la CCNUCC doit pouvoir jouer un rôle de premier plan, dans la définition d'objectifs et de principes directeurs et dans le suivi de la mise en œuvre des actions. Un rôle clé dont l'accord de Paris devra témoigner en décembre 2015.
Messages clés :
- MODIFIER LES FLUX FINANCIERS ACTUELS AU SEIN DE L’ÉCONOMIE MONDIALE
Positionner l'économie mondiale sur une trajectoire de 2 °C requiert une modification profonde des investissements. L’ampleur de cette modification dépasse largement l’additionnalité incrémentale d’investissements. En effet, le véritable défi n'est pas tant quantitatif – trouver des fonds supplémentaires – que qualitatif – lever les obstacles à l’investissement dans de nouvelles infrastructures, de nouveaux secteurs et de nouveaux modèles d’affaires. Cela nécessite des incitations stratégiques globales (standards, normes, tarification du carbone) et des instruments de financement dédiés tels que des banques ou des fonds aux niveaux national et international.
- ASSOCIER DES OBJECTIFS DE TRANSFORMATION ET DE SOLIDARITÉ
Le débat politique sur le financement du climat devrait avoir deux objectifs. Premièrement, celui, décrit ci-dessus, de lever les obstacles à une transformation de l’investissement. Opérer cette transformation devrait devenir l'objectif principal de la politique de financement du climat. Parallèlement, la solidarité a encore un rôle crucial à jouer, par le biais de l’allocation de ressources publiques aux pays et aux activités qui en ont le plus besoin. Le défi de l'Accord de Paris, et du financement du climat plus largement, est de parvenir à combiner les priorités de transformation et de solidarité.
- LE FINANCEMENT DU CLIMAT, UNE COMPOSANTE ESSENTIELLE DE L’ACCORD DE PARIS
Les décideurs nationaux, les régulateurs financiers, les banques de développement multilatérales et bilatérales sont au cœur de la réponse politique mondiale au changement climatique. Dans le cadre de cet effort politique, la CCNUCC peut jouer un rôle crucial dans l'orientation des stratégies et des décisions et dans la prise de responsabilité. L'Accord de Paris devrait définir un objectif qualitatif mondial permettant l'alignement des « nouveaux » investissements sur la trajectoire des 2 °C. Le principal levier à cet égard se situe au niveau des politiques nationales. Parallèlement, l'Accord de Paris devrait adopter un système de cycles et d’objectifs réguliers pour l’allocation de financements climatiques aux pays les plus pauvres et les plus vulnérables, en particulier pour permettre leur adaptation. Enfin, il faut une plus grande visibilité dans le temps sur la mobilisation du financement du climat.