Une synthèse des discussions, augmentée d’un travail de recherche, qui se sont tenues le 12 juin 2013 lors de la 2e séance du séminaire « Croissance et Prospérité » : « L'État-providence face à l'incertitude sur la croissance », avec Laurent Caussat, secrétaire général du Haut conseil du financement de la protection sociale, et Brigitte Dormont, professeur d'économie à l'université Paris Dauphine et spécialiste des politiques publiques et des systèmes de santé.
Points clés :
- LA PROTECTION SOCIALE, PILIER DES ÉTATS-PROVIDENCE
La protection sociale désigne tous les mécanismes de prévoyance collective, permettant aux individus de faire face aux conséquences financières des « risques sociaux » : vieillesse, santé, chômage, etc. La protection sociale s’est essentiellement développée dans la seconde moitié du xxe siècle et demeure l’un des principaux piliers de la redistribution en France et en Europe.
- À SYSTÈME DE PROTECTION SOCIALE INCHANGÉ, LA CROISSANCE FAIBLE CREUSE LES DÉFICITS
Les décennies à venir pourraient connaître une croissance significativement plus faible que celle des soixante dernières années. Un tel horizon économique pose la question de l'équilibre budgétaire de la protection sociale. À titre d’exemple, avec quelques dixièmes de point de croissance annuelle en moins d’ici à 2030, le déficit annuel du système de retraite français se creuserait de 1,5 point de PIB et les dépenses de santé pourraient atteindre plus d’un tiers du PIB d’ici à 2050.
- L’OBLIGATION DE RÉFORMER
Contrairement à la croissance forte, qui autorise dans une certaine mesure l’absence de réforme de la protection sociale, la croissance faible impose des changements pour une meilleure efficacité du système. Dans sa version faible, une plus grande efficacité consisterait à faire la même chose à moindre coût. Cependant, étant donné la forte hausse de la demande de protection sociale, les gains d’efficacité pourraient ne pas suffire. Dans sa version forte, une meilleure efficacité consisterait à refonder plus largement le système (par exemple par le passage d’une médecine curative à une médecine préventive), avec des gains financiers néanmoins incertains. Évidemment, l’option d’une hausse des prélèvements obligatoires ne peut être écartée, même si elle se heurte à la question de l'acceptabilité de l'impôt, elle-même dépendante de l’équité du système de prélèvements et de la qualité du service rendu.