Cette Étude examine les facteurs à l'origine de la baisse puis de l'augmentation des émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie au cours des cinq dernières années (UE, États-Unis, Inde, Chine), et soutient que cette tendance ne peut constituer un indicateur pertinent des efforts ou de l'efficacité des politiques climatiques. Les émissions mondiales ne sont que le résultat des relations complexes entre l'activité économique et la demande d'énergie, la demande et l'offre d'énergie, et l'offre d'énergie et les émissions liées à l'énergie. Les politiques climatiques doivent influencer ces relations.

Messages clés

  • Les fluctuations de court terme des émissions mondiales ne signifient pas nécessairement qu'une transition est en cours. Un examen approfondi des facteurs économiques et énergétiques sous-tendant les émissions peut révéler des tendances plus durables en matière d'émissions. Il est urgent de procéder à une analyse annuelle systématique du rythme et de l'évolution de la transition énergétique mondiale, au-delà des émissions globales, pour analyser les moteurs sous-jacents, en termes de technologies, d'investissements, d'innovation, d'économie et d'échanges mondiaux.
     
  • La transition énergétique mondiale est : (1) lente : même dans les secteurs où une transition est en cours, comme la production d'électricité, le rythme est trop lent par rapport à ce qui doit être fait pour limiter le réchauffement à moins de 2°C ; (2) superficielle : une grande partie des mesures d'atténuation des émissions observées sont motivées par des mesures qui ne serviront qu'à réduire les émissions à court terme (telles que le passage du charbon au gaz), et non par la transition profonde requise pour un système énergétique mondial sans carbone d'ici 2050 ; (3) dispersée : les changements sont jusqu'ici largement limités à la génération électrique ; des secteurs majeurs comme les transports et l'industrie ne montrent aucun signe de transition vers des modèles décarbonés.
     
  • La perspective d'une transition énergétique « autonome », tirée par l'augmentation spectaculaire de la compétitivité économique des technologies zéro carbone, est un mirage. Les bilans mondiaux prévus dans le cadre de l'Accord de Paris, ainsi que les contributions d'organisations non gouvernementales internationales et de think tanks, doivent fournir une compréhension claire de l'état d'avancement réel de la décarbonation des moteurs de la croissance des émissions. Et les engagements renforcés dans le cadre des contributions climat des pays (CDN) en 2020 doivent non seulement être plus forts, mais aussi plus pertinents et conformes aux stratégies de décarbonation à long terme. Ils doivent permettre d'impulser la décarbonation des secteurs d'utilisation finale, de relancer les politiques d'efficacité énergétique et d'ouvrir de nouvelles options, en consacrant des ressources à la recherche et au déploiement.
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