Cette étude aborde les questions suivantes :
- Selon des scénarios plausibles d’évolution de l’équilibre entre l’offre et la demande, des facteurs de charge et des marges de production, quelle est la rentabilité des centrales électriques au charbon chinoises et l’ampleur des risques d’actifs échoués ?
- Quelles politiques pourraient être mises en place pour limiter les dissensions économiques et politiques de la transition du secteur électrique en Chine ?
- Quel pourrait être le calendrier de la mise hors service des centrales électriques au charbon chinoises, compte tenu de la modélisation des coûts d’investissement, des facteurs de charge et des marges ? Plus simplement, la Chine pourrait-elle sortir rapidement des centrales au charbon ?
MESSAGES CLÉS
SURINVESTISSEMENT DANS DE NOUVELLE CENTRALES AU CHARBON
Cette étude estime l’ampleur potentielle des actifs échoués dans le secteur de l’énergie au charbon en Chine selon différents scénarios politiques. Un certain nombre de facteurs soumettent le secteur des centrales au charbon à des pressions considérables : une récente bulle d’investissement dans de nouvelles capacités, le ralentissement structurel de la demande d’électricité, la libéralisation imminente des marchés de l’électricité et l’introduction d’un marché du carbone, ainsi que le soutien continu aux sources d'énergie renouvelables et sobres en carbone. Les actifs échoués dans le secteur de l’électricité au charbon en Chine sont estimés à 90 milliards de dollars suivant la trajectoire politique actuelle (scénario de type NDC). Cette situation menace d’amplifier les défis politiques et économiques de la transition du secteur de l’électricité chinois vers un système sobre en carbone. Cette situation n’est pas propre à la Chine : d’autres pays seront également confrontés au stress du secteur du charbon en raison de la compétitivité des énergies renouvelables, c’est pourquoi la gestion des capacités existantes de production d’électricité au charbon doit être placée au premier plan des politiques climatiques et énergétiques.
LES INVESTISSEURS ET L’ENVIRONNEMENT BÉNÉFICIERONT D’UN PROGRAMME DE FERMETURE PROGRESSIVE DES CENTRALES AU CHARBON
Pour remédier à cette situation, les autorités chinoises ont besoin d’une stratégie de gestion de fermeture progressive de ses centrales électriques au charbon. Toutes les nouvelles constructions de centrales au charbon devraient cesser : les récentes annulations de projets ont représenté un pas dans la bonne direction. Un calendrier de mise hors service planifiée des anciennes centrales au charbon dont le retour sur investissement est déjà assuré devrait être élaboré jusqu’en 2030. Les centrales au charbon existantes plus récentes devraient être prêtes à jouer un rôle et à recevoir des revenus pour équilibrer un système hautement renouvelable. Un scénario d’atténuation du changement climatique compatible avec 2 °C, dans lequel les anciennes centrales seraient mises hors service après 30 ans, permettrait d’accélérer le processus de décarbonation du secteur de l’électricité en Chine tout en réduisant les risques d’actifs échoués par rapport au scénario de type NDC, pour un total de 12 milliards de dollars.
LA RÉFORME DES ENTREPRISES D’ÉTAT EST LA CLÉ DE L’ÉCONOMIE POLITIQUE DE LA TRANSITION CHARBON
L’exposition du secteur bancaire aux actifs échoués dans le scénario « Managed 2°C » est estimée à moins de 10 % des provisions pour pertes sur prêts du secteur bancaire : les risques de perturbation financière sont gérables. Le coût du capital des entreprises publiques (SOE) et la baisse des prévisions de rentabilité pourraient permettre une transition charbon plus rapide. La clé consiste à créer des incitations pour qu’elles cessent les investissements, et ferment progressivement les centrales existantes. Une structure de défaisance ou « bad bank » dédiée au secteur du charbon pourrait permettre d’atteindre cet objectif.