Une intervention de Damien Demailly dans le cadre d'une conférence co-organisée par Groupe professionnel Centrale Énergies & le Pôle développement durable & solidaire de l’Association HEC.
Présentation :
« Initié il y a plus de 20 ans, le traité de Maastricht a consacré la prééminence du PIB comme indicateur de performance budgétaire des États de la zone euro : à défaut de frugalité des appareils d’État, l’action politique s’en est trouvée focalisée en priorité sur la croissance du PIB, et donc des assiettes fiscales associées, pour sortir des crises financières notamment depuis 2008… Or on constate un décalage de vision entre d’une part les pays émergents et en voie de développement, pour lesquels le PIB constitue une mesure clé du bien-être de leur population, et d’autre part les pays développés membres de l’OCDE. Dans ces derniers, la croissance économique est remise en cause en tant qu’indicateur de développement sociétal, le PIB étant jugé comme un outil trop frustre et incomplet pour asseoir la performance pérenne et la cohérence nécessaires pour orienter l’action des ensembles publics et privés. Le PIB par exemple exclut la production domestique (cuisine, ménage, garde d’enfants, etc.), le travail bénévole, les liens sociaux ou les services rendus par la nature. Il n’est pas révélateur d’alerte (économique, sociale, environnementale ou même politique), et est de moins en moins le reflet du bien-être. Enfin il n’anticipe pas les effets de seuil (ressources, santé, climat…).
Sur la base de ces constats, Pierre Lachaize, pour The Shift Project, détaillera une évaluation du PIB réalisée en s’interrogeant sur ses usages (qui l’utilise et pourquoi ?) afin de proposer des alternatives pragmatiques, usage par usage, pour limiter son influence excessive dans le pilotage de nos sociétés. Ainsi le PIB resterait dans l’histoire comme un « summum d’agrégation », il ne devrait pas avoir de successeur, et disparaître progressivement pour être remplacé par d’autres indicateurs plus pertinents.
De son côté, Damien Demailly expliquera pourquoi il est important d’imaginer une nouvelle prospérité qui ne soit pas dépendante de la croissance, pourquoi il ne suffit pas pour y arriver de constater que croissance et bien être individuel ne sont pas synonymes, et comment cette nouvelle prospérité peut se matérialiser. »