La table ronde, animée par Bernard Roussel du Muséum national d'histoire naturelle, était articulée autour de trois interventions.
- Michel Billod, agriculteur dans le Jura et président d'une coopérative de production de comté, a montré comment l'appellation d'origine contrôlée a permis de maintenir la race laitière Montbéliard et a contribué au développement économique de la région et à l'amélioration de la situation des agriculteurs.
- Jean Boutrais, géographe à l'IRD-Paris, et Salamatou Sow, ethnolinguiste peul de l'IRD-Niger, ont parlé des savoirs des Peuls pasteurs concernant l'élevage bovin et la fabrication de produits laitiers.
- Jean-Aubéric Charles, délégué de la Fédération des organisations amérindiennes de Guyane (FOAG), a parlé des communautés autochtones de Guyane.
Participaient également à la table ronde Maria Espinosa (UICN) et Jacques Weber (IFB).
Plusieurs points sont ressortis des débats:
- La marchandisation de la nature. Avec l'accélération de l'industrialisation, les ressources naturelles et les savoirs ont acquis une valeur d'échange qui a profondément modifié les relations entre l'homme et la nature. Le recours systématique à la monnaie contraste avec le système de valeur des communautés autochtones et locales. Or, en se référant uniquement à la valeur économique des produits, les échanges sont inéquitables pour les populations autochtones. Dans ce contexte, la pertinence de la notion de commerce équitable a été évoquée.
- Les modalités de protection des savoirs. Les participants ont discuté de différents systèmes pour protéger les connaissances des communautés autochtones et locales : l'identification géographique et l'appellation d'origine contrôlée utilisées en France ; le système régional d'accès multilatéral aux ressources génétiques fondé sur la propriété collective, promu par le Pacte andin.
- La nécessaire participation des communautés autochtones et locales dans les débats internationaux et dans les processus nationaux de décision.
Pour conclure, Jacques Weber, directeur de l'IFB, a souligné les similitudes entre des situations à priori différentes, celles des communautés agricoles françaises, des communautés amérindiennes et des communautés africaines : trouver les moyens de conserver leur identité sachant que ce sont des petits groupes répartis sur de vastes territoires ; ne pas disposer des droits pour maîtriser leur présent et leur futur ; conquérir le droit à la parole.