La séquestration du carbone par les écosystèmes côtiers à carbone bleu est incertaine et peu fiable, avec une rentabilité climatique discutable

Résumé

Les forêts de mangroves, les prairies sous-marines et les marais salants sont des écosystèmes côtiers végétalisés qui accumulent et stockent de grandes quantités de carbone dans leurs sédiments. Un grand nombre d'études et de revues récentes ont identifié le potentiel de ces écosystèmes côtiers "à carbone bleu" pour apporter une solution naturelle au problème du climat de deux manières : par la conservation, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre résultant de la perte et de la dégradation de ces habitats, et par la restauration, pour augmenter le prélèvement de dioxyde de carbone et son stockage à long terme. L'accent est mis ici sur ce dernier point, en évaluant la faisabilité d'une élimination quantifiée et sûre du carbone (émissions négatives) par la restauration de la végétation côtière. Sept questions qui affectent la fiabilité de la comptabilisation du carbone pour cette approche sont examinées : la grande variabilité des taux d'enfouissement du carbone, les erreurs dans la détermination des taux d'enfouissement du carbone, le transport latéral du carbone, les flux de méthane et d'oxyde nitreux, la formation et la dissolution des carbonates, la vulnérabilité aux changements climatiques futurs et la vulnérabilité aux facteurs non climatiques. Les informations sur les coûts de restauration sont également examinées, et permettent d'aboutir à la conclusion que les coûts sont très incertains et que les estimations les plus basses ne sont pas réalistes pour une application plus large. La séquestration du CO2 par la restauration du carbone bleu côtier présente donc un rapport coût-efficacité discutable lorsqu'elle est considérée uniquement comme une mesure d'atténuation du climat, que ce soit pour la compensation du carbone ou pour l'inclusion dans les contributions déterminées au niveau national. De nombreuses questions importantes relatives à la mesure des flux et du stockage du carbone n'ont pas encore été résolues, ce qui affecte la certification et peut entraîner une sur-créditation. La restauration des écosystèmes côtiers à carbone bleu est néanmoins très avantageuse pour l'adaptation au climat, la protection des côtes, l'approvisionnement alimentaire et la conservation de la biodiversité. Une telle action peut donc être justifiée dans de très nombreuses circonstances, sur la base des multiples avantages que ces habitats procurent à l'échelle locale.