Un article de Raphaël Billé et Aleksandar Rankovic dans les actes du séminaire « La monétarisation des biens et services environnementaux : quelles utilisations pour les politiques publiques et les décisions privées ? » organisé par le Commissariat général au développement durable le 13 décembre 2012.
Extrait de l'article :
« [...] le caractère évident de [l']intégration effective de la monétarisation et de sa contribution, prépondérante et systématique, aux processus de décision suscite des réserves, notamment chez certains économistes. Claude Henry, par exemple, a mis en évidence, dès les années 80, la dimension négociée des évaluations économiques environnementales liées aux grands projets d’infrastructures (Henry, 1984, 1989). G. Heal, en 2000, souligne que "l’évaluation économique n’est ni nécessaire ni suffisante pour la conservation. Nous conservons beaucoup de choses que nous n’évaluons pas, et ne conservons pas de nombreuses choses que nous évaluons" (Heal, 2000). L’étude présentée ici, dont les résultats sont regroupés dans Laurans et al. (2013), part ainsi de l’hypothèse que la monétarisation, en ce qui concerne les prises de décision impactant les écosystèmes et la biodiversité, n’est pas suffisante en soi : pour apporter des "contributions décisives", elle doit être effectivement utilisée dans la prise de décision.
L’approche choisie a été la réalisation d’un état de l’art structuré autour de deux grandes questions :
- 1. Quelles sont les utilisations attendues des évaluations économiques des services écosystémiques dans la littérature ?
- 2. De quelle manière cette question est-elle traitée par la littérature ?
Le principal résultat a été la mise au jour d’un paradoxe : alors que de nombreuses utilisations sont attendues des résultats des exercices de monétarisation, au point qu’elles constituent leur raison d’être, cette question précise de l’utilisation est très peu abordée par la littérature : il semble exister un véritable point aveugle sur la question. »
Présentation du séminaire :
« Le Service de l’économie, de l’évaluation et de l’intégration du développement durable, au sein du Commissariat général au développement durable, a pour mission de développer et diffuser les méthodes de valorisation économique des politiques, régulations, biens et services environnementaux, sur la biodiversité, les patrimoines naturels et aménités environnementales. C’est à ce titre qu’il a organisé le 13 décembre 2012 la troisième édition du séminaire sur la monétarisation des biens, services et impacts environnementaux.
Le premier séminaire organisé en 2010 avait permis de faire le point sur les problématiques méthodologiques de la valorisation économique des biens et services environnementaux. La seconde édition, organisé en 2011, a été l’occasion d’aborder la mise en œuvre des méthodes de monétarisation à travers la présentation d’études de cas et de leurs résultats. Cette troisième édition a permis d’examiner la question de l’utilisation des valeurs issues de ces méthodes, aussi bien dans les politiques publiques que dans les décisions des acteurs privés, et de leurs finalités.
Ce séminaire sur la monétarisation réunit chaque année aussi bien des experts et des praticiens des techniques de monétarisation que des utilisateurs des valeurs qui en sont issues. Il permet de rassembler et de faire dialoguer des représentants du monde académique, les personnels des administrations et les acteurs privés concernés par ces problématiques. »