Citation
Magnan A.K., Ranché M., Duvat V.K.E., Prenveille A., Rubia F. (2019). L’exposition des populations des atolls de Rangiroa et de Tikehau (Polynésie française) au risque de submersion marine. VertigO 18(31).
Résumé
Cet article représente l’une des rares études scientifiques cherchant à dépasser le discours général sur l’exposition des populations des atolls face aux risques liés à la mer, en l’occurrence ici à la submersion marine, en mesurant concrètement le degré réel d’exposition actuelle des populations et en observant les stratégies locales de protection/prévention de risques. Il s’applique à deux atolls de l’archipel des Tuamotu (Polynésie française) et croise deux types de données : les niveaux de submersion d’événements de référence passés, et les modes d’aménagement du territoire actuel (type d’habitat et dispositifs de défense des côtes). Les résultats reposent sur 106 entretiens semi-directifs et la caractérisation de 931 habitations. Ils indiquent d’abord que plus de 61 % des habitations sont aujourd’hui localisées dans une zone ayant connu au moins un épisode de submersion depuis les années 1980. Ensuite, que la stratégie de réponse des habitants face au risque de submersion marine passe moins par la mise en place de dispositifs de protection (murs, cordons d’enrochement, plantation de végétation, etc.) que par une surélévation de l’habitat. Celle-ci reste néanmoins limitée, puisque respectivement 52 % et 23 % des habitations sont surélevées de moins de 50 cm et 20 cm par rapport au niveau du sol et 23, et donc au mieux à quelques mètres au-dessus du niveau de la mer. Cela démontre un fort degré d’exposition à l’aléa submersion marine. Cet article analyse également les grands facteurs explicatifs de cette situation, à savoir une forte croissance démographique associée à un régime foncier contraignant qui, ensemble, expliquent la densification de l’habitat et des bâtiments publics dans des zones naturellement exposées. Des pistes concrètes de réduction de cette exposition sont discutées.