Alors que les discours politiques font du retour de la croissance forte un objectif atteignable et la solution à tous les problèmes économiques et sociaux, l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et le Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired) viennent de publier une étude conjointe intitulée « Une société post-croissance pour le xxie siècle. Peut-on prospérer sans attendre le retour de la croissance ? »
Le retour de la croissance forte est au cœur des discours politiques : il est présenté non seulement comme un objectif atteignable pour peu qu’on s’en donne les moyens, mais aussi comme une condition sine qua non de la prospérité individuelle et collective.
Au-delà de la crise actuelle, il existe de nombreux doutes sur la capacité des pays industrialisés à renouer durablement avec une croissance de plus de 2 % par an, et encore plus sur la possibilité d’un retour des Trente Glorieuses. L’hypothèse d’une croissance durablement faible pour les décennies à venir ne doit pas être écartée
Les taux de croissance de la majorité des pays industrialisés sont en baisse depuis quarante ans et l’étude pointe de nombreux défis pour le long terme, comme la tertiarisation des économies ou le rythme et la nature des innovations technologiques.
La raréfaction des ressources énergétiques et l’impératif de réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre renforcent l’incertitude sur l’avenir de la croissance économique.
Les scénarios macroéconomiques réalisés dans cette étude nous révèlent des futurs contrastés. Force est de constater que, si les hypothèses pessimistes – mais plausibles – sur l’évolution du volume des ressources fossiles, le coût des technologies alternatives ou la capacité de transformation des modes de vie se réalisent, le potentiel de croissance sera significativement réduit pour les prochaines décennies.
Cela n’implique pourtant pas que nous renoncions à la prospérité. L’étude montre que les liens entre emploi et croissance ou entre bien-être et croissance sont bien moins forts qu’on ne le pense généralement, et que l’appel à la croissance dans les discours politiques est bien souvent un détour superflu.
La croissance faible, en revanche, pose de sérieux problèmes en matière de réduction des inégalités ou de financement de la protection sociale.
Moins de croissance, c’est plus de délibérations et d’arbitrages : plus de redistribution, plus de réformes des systèmes de retraite ou de santé. Prospérer sans croissance est avant tout une ambition politique.
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