Biodiversité
Présentation
Le rythme de perte de biodiversité actuel est parfois décrit comme « la 6ème extinction des espèces ». Même si ce terme peut être discuté, il représente une réalité décrite en 2019 dans le rapport scientifique de l’IPBES, la plateforme des experts internationaux sur la biodiversité.
Le monde vivant animal et végétal subit des pressions d’origine humaine exacerbées depuis l'industrialisation et l’expansion des pratiques agricoles intensives. Le nombre d’individus par espèce, le nombre d’espèces et donc la diversité biologique sont en chute, avec des conséquences en cascade sur les chaînes alimentaires qui fragilisent l’équilibre des écosystèmes. Ces déséquilibres menacent les contributions des écosystèmes aux sociétés humaines, en termes d’air et d’eau purs ou de fertilité des sols, sans oublier les services « culturels », comme le lien des sociétés à leurs paysages ou leur attachement à un bon cadre de vie qui passe par la bonne santé du milieu naturel qui leur est intime. À terme, ces déséquilibres compromettent les activités mêmes de production qui représentent aujourd’hui les principales pressions sur la biodiversité.
L’IPBES a nommé les cinq pressions les plus significatives : le changement d’usage des terres et des mers et la perte des habitats qui en résulte, la surexploitation des ressources (pêche notamment), le changement climatique, les pollutions et les espèces exotiques envahissantes.
Aujourd'hui 60 % de la biomasse (en carbone) vivante sont du bétail, 36 % sont des humains, et 4 % seulement sont des animaux sauvages. 70 % des oiseaux sont en réalité des volailles en élevage. Une étude allemande montre un déclin de 75 %, en 27 ans, du total de la biomasse des insectes volants, dans une zone pourtant supposément protégée.
Depuis plusieurs décennies, des politiques de protection de la nature ont été mises en place, à différentes échelles. Le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal a été adopté en décembre 2022 dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique (CDB) ; la « Stratégie de l'Union européenne pour la biodiversité à l'horizon 2030 » publiée en 2021 ; enfin la 3e Stratégie nationale pour la biodiversité française doit paraître en 2023.
L'Iddri entend contribuer à assurer une mise en œuvre ambitieuse du cadre de Kunming-Montréal, aux niveaux international, régional et national et travaille notamment sur des questions de gouvernance et de financement.
Le premier axe consiste à étudier la mise en œuvre des objectifs en matière de biodiversité dans les politiques publiques, par le biais de stratégies et de plans d'action nationaux pour la biodiversité, et l'intégration d'objectifs de biodiversité dans les politiques sectorielles. En particulier, comme contribution innovante à cet axe :
- En France, l’Iddri travaille sur la place de la biodiversité dans la planification écologique, comme outil de politique environnementale, et son application spatiale, dans la perspective de la mise en œuvre de la Stratégie nationale pour la biodiversité.
- Partant du constat que les trajectoires de développement de ces dernières décennies n’ont pas réussi à endiguer la perte de biodiversité, l’Iddri explore la possibilité de fonder des trajectoires de développement sur l’utilisation durable de la biodiversité, à partir de visions alternatives du rapport des sociétés humaines à la nature.
Le deuxième axe porte sur la mise en place et la portée des mécanismes de « transparence » afin de renforcer les contributions et la redevabilité des États et des autres acteurs vis-à-vis des objectifs mondiaux et nationaux.
Enfin, l’institut participe par ses travaux à l'étude de la mobilisation et de l'alignement des ressources financières, notamment par des réformes du système de financement multilatéral et des réflexions sur de nouveaux outils de financement, à toutes les échelles (réforme des incitations préjudiciables, dont les subventions, implication du secteur privé).