Cette étude des contributions (INDC en anglais) soumises par les États membres dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en amont de la COP21 a été réalisée dans le cadre du projet MILES (financé par la Commission européenne) par des équipes de chercheurs de premier plan en provenance du Brésil, de Chine, du Japon, d’Inde, des États-Unis et de l’Union européenne.
Y sont analysées les conséquences concrètes des INDC sur les transformations vers une économie sobre en carbone d’ici 2030 et au-delà, au niveau des systèmes énergétiques, des bâtiments, des transports et de l’industrie. L'étude complète ainsi les analyses à venir CCNUCC et du Programme des Nations unies (PNUE) sur les effets des INDC sur les émissions mondiales et sur l’objectif de température planétaire.
MESSAGES CLÉS:
- LE PROJET MILES
Le projet MILES ("Modeling and Informing Low-Emission Strategies", modéliser et documenter les stratégies bas-carbone) est un projet de recherche international réunissant 16 équipes de chercheurs de premier plan afin de renforcer les capacités et les connaissances sur les stratégies de développement bas-carbone. L'objectif de ce rapport est de comprendre les implications des INDC des cinq pays et de la région couverts par le projet (États-Unis, Chine, Japon, UE, Brésil et Inde), tant au niveau national qu'au niveau mondial, en étudiant les implications concrètes des INDC dans la transformation bas-carbone à l’horizon 2030 et au-delà, pour les systèmes énergétiques, le bâtiment, les transports et l’l'industrie.
- LES INDC IMPLIQUENT UNE ACCÉLÉRATION ET UNE CONSOLIDATION DES ACTIONS CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE DANS LES PRINCIPALES ÉCONOMIES ET À TRAVERS LE MONDE
Une transition importante est en cours dans le secteur de l'électricité, où les INDC continueront à favoriser la transition vers les énergies renouvelables et d'autres formes de production d'électricité à basses émissions. Dans les six grandes économies évaluées individuellement, les émissions de dioxyde de carbone par unité de production d'électricité sont réduites d'environ 40 % entre 2010 et 2030 et l'électricité renouvelable devient la principale source de production d'électricité, à environ 36 % du mix électrique.
- LES INDC ONT POUR CONSÉQUENCE DES PROGRÈS INÉGAUX SUR LES DIFFÉRENTS FACTEURS DE DÉCARBONATION
Certaines solutions bas-carbone, comme le CCS (captation et stockage du CO2), les véhicules électriques, les biocarburants avancés ou l'aménagement urbain durable, semblent peu susceptibles d'être développées par les INDC à l'échelle et à la vitesse requises pour un scénario de limitation de l’augmentation de la température à 2°C. De même, le rapport souligne que les INDC laisseraient une part trop importante et contre-productive d’énergies fossiles à l’horizon 2030 pour être cohérente avec un scénario 2°C. Cela met en évidence les risques de verrouillage dans une trajectoire intensive en carbone si l'action n'est pas renforcée rapidement. Les efforts des politiques post-Accord de Paris doivent stimuler l'innovation technologique, son déploiement et sa diffusion afin de réduire les coûts dans les secteurs où des progrès insuffisants sont observés.
- LES INDC SONT UN POINT D'ENTRÉE POUR METTRE LE MONDE SUR LA TRAJECTOIRE DE L’OBJECTIF 2 C
Les INDC impliquent une accélération significative de l'action climatique, mais ces contributions ne permettent pas, tels qu’elles sont actuellement proposées, d’atteindre l’objectif de contenir l’augmentation des températures à 2°C. L'Accord de Paris devrait établir un mécanisme clair permettant une révision régulière, prévisible et utile des contributions nationales et du cadre mondial. Les nouvelles contributions devraient être basées sur une vision des systèmes énergétiques nationaux orientée vers la décarbonation profonde. L'Accord de Paris devrait favoriser le développement, dès 2018, de trajectoires nationales de décarbonatation profonde.