Présentation

Cette année marque le 10e anniversaire de l'Accord de Paris sur le climat, des Objectifs de développement durable et du Programme d'action d'Addis-Abeba. Ces jalons sont célébrés dans un contexte où les perspectives de coopération multilatérale et de mise en œuvre réussie et rapide de ces initiatives semblent de plus en plus incertaines. Si ces accords diffèrent par leur nature, ils ont en commun deux innovations clés, qui continuent d'évoluer aujourd'hui. Cette Étude analyse les principales innovations et hypothèses qui sous-tendent les accords multilatéraux sur l'environnement de 2015, évalue la manière dont ils résistent à la tempête multilatérale actuelle et examine le rôle qu'ils sont susceptibles de jouer à l'avenir.

Messages clés

  • Alors que l'ordre mondial devenu multipolaire est marqué par des crises multiples et des tensions géopolitiques, la coopération en matière de développement durable peut évoluer de différentes manières : 1) la coopération se limite aux questions techniques, évitant les questions plus politiques et conflictuelles ; 2) les objectifs de la coopération politique sont vastes mais surtout symboliques ; ou 3) les régimes de climat et de développement durable s'enchevêtrent dans des luttes de pouvoir géopolitiques, exacerbant les divisions. Nous observons une reconnaissance croissante des conflits distributifs inhérents au changement climatique et au développement durable : ils pourraient bénéficier davantage d'alliances stratégiques que d'un cadre consensuel non punitif.
     
  • L'une des principales innovations des accords de 2015 est le principe d'universalité. Mais les promesses étant perçues comme non tenues, le fossé Nord-Sud est réapparu sous une forme plus complexe et multiforme. Nous nous trouvons aujourd'hui dans une situation de quasi-impasse, où les perspectives d'une coopération multilatérale hautement différenciée (en termes d'obligations) et redistributive (justice sociale entre les pays) sont encore plus lointaines qu'elles ne l'étaient avant la COP 21, malgré la demande croissante d'une telle collaboration. Des progrès tangibles en matière de financement, perçus comme un élément clé de la réponse aux responsabilités différenciées et aux attentes redistributives, seront essentiels en 2025, en particulier dans le cadre de la Quatrième Conférence sur le financement du développement (FfD4) et dans les discussions sur la nouvelle vague de contributions déterminées au niveau national en amont de la COP 30.
     
  • L'innovation que constitue la théorie du changement horizontal permettant  d'envoyer des signaux aux acteurs au-delà de la sphère climatique s'est avérée efficace. La capacité de l'Accord de Paris à développer et à diffuser des concepts au-delà des États — tels que l'objectif zéro émission nette (net zero), largement approprié par les acteurs privés et internationaux malgré les récentes retours en arrière, notamment aux États-Unis — démontre son impact. Toutefois, ce succès soulève de nouveaux défis, tels que l'obligation de rendre compte de ces engagements et la nécessité d'émettre des signaux plus précis pour stimuler les transformations au niveau sectoriel.
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