Modes de vie
Présentation
Il est de plus en plus clair que la transition est un changement social et politique au moins autant qu’un changement technique et économique. L’entrée par les modes de vie (s’alimenter, se déplacer, se loger, consommer, etc.), qui suscite un intérêt scientifique croissant, permet d’en pleinement saisir les enjeux et de progresser sur l’identification des conditions de changement. Elle permet en effet de connecter l’échelle individuelle avec l’échelle collective : si les habitudes, représentations et valeurs des individus doivent être prises en compte, le concept de mode de vie pointe également l’importance des structures collectives (physiques et institutionnelles), des normes sociales, des règles économiques et des offres commerciales dans les trajectoires individuelles. Des dimensions sur-déterminantes sur lesquelles l’individu seul a peu de prise. Les modes de vie, en tant que points de rencontre entre les spécificités des individus et groupes sociaux et les règles collectives, constituent ainsi un lieu crucial pour penser les conditions de la transition.
Les modes de vie changent, ils sont « en transition », sous des influences diverses. Parmi les sphères qui les influencent, la puissance publique, garante de l’intérêt général et productrice de régulations, dispose d’une légitimité particulièrement forte pour agir sur eux dans le cadre du contrat démocratique passé avec les citoyens. Elle l’a fait historiquement, dans le cadre des défis auxquels la société faisait face, dans de nombreux domaines en modifiant notre alimentation, nos besoins de mobilité, l’urbanisation de notre territoire, nos habitudes sanitaires, etc.
Aujourd’hui, un nouveau défi se présente : celui de la sobriété et de l’avènement d’une société soutenable. Les limites de la planète et l’urgence des crises environnementales impliquent en effet de mobiliser tous les leviers d’action possibles pour transformer notre rapport au vivant et aux ressources naturelles et nous adapter à ces crises. La sobriété des modes de vie dans les pays développés et des infrastructures techniques qui encadrent la vie quotidienne et économique en fait partie. Le défi est immense, et consiste à agir dès à présent pour évoluer vers davantage de sobriété dans une société pourtant construite sur la promesse d’une abondance matérielle et énergétique.
Pour l’Iddri, contribuer à relever ce défi implique un agenda de travail organisé autour de plusieurs questions et activités :
- Quelles sont les conditions, en termes de politiques publiques et de philosophie d’action, permettant une évolution des modes de vie dans des secteurs clés comme celui de l’alimentation et de l’agriculture ? Des travaux sont également menés sur la transition dans les modes de déplacement par l’Institut Mobilité en Transition (IMT).
- Comment progresser dans la mise à l’agenda politique du concept de sobriété ? Comment mettre dans le débat démocratique son sens et ses implications ?
Enfin, l’ampleur des changements considérés à moyen et long terme pour passer de l’abondance matérielle à la sobriété et le niveau de tension politique et sociale en jeu dans la mise en œuvre de la transition impliquent de s’interroger plus profondément sur le fonctionnement de nos sociétés. L’Iddri mène cette réflexion à travers le concept de contrat social, afin de mettre l’accent sur l’ensemble des arrangements sociaux, politiques et économiques qui régissent les liens entre citoyens et société.
- Que pouvons nous apprendre des évolutions passées de notre contrat social ? Quelles sont ses limites actuelles ? Comment débattre démocratiquement de nouvelles règles du jeu permettant de mieux concilier transition écologique et progrès social ?