Présentation

Nourrie de nombreux échanges avec les professionnels français entre 2022 et 2024, l’étude résumée dans ce Décryptage propose une rétrospective et un scénario tendanciel pour trois filières de la viande en France à l’horizon 2035 : volaille, porc, viande bovine. L’analyse considère simultanément (i) les relations au sein et entre ces trois chaînes de valeur ; (ii) les niveaux domestique, européen et mondial ; (iii) les opportunités et verrouillages résultant des transformations historiques des trois filières.

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Messages clés

  • Entre 1960 et 2024, la viande est devenue un produit de plus en plus standardisé, échangé sur des marchés de plus en plus ouverts, faisant de la compétitivité prix un déterminant majeur des équilibres offre-demande.
     
  • Les trois filières étudiées ont connu une croissance ininterrompue jusqu’aux années 1990, fournissant une demande domestique et mondiale en hausse. Cette dynamique :
    o a reposé sur des choix forts : maintien d’une agriculture familiale et diversifiée ; faible intégration vers l’aval et importance donnée aux coopératives ;
    o s’est accompagnée : (i) d’une concentration territoriale importante, efficace économiquement mais aux impacts environnementaux forts ; (ii) d’un renforcement du poulet dans la consommation, au détriment de la viande bovine ; et (iii) d’une industrialisation des filières.
     
  • Depuis 2000, les opérateurs français sont en difficulté sur les marchés à l’export et le marché intérieur (avec des différences entre filières). Sans nouvelle mesure, et sous l'hypothèse d'un maintien de la demande, un scénario tendanciel à 2035 conduirait à :
    o un accroissement du déséquilibre offre-demande sur le marché domestique pour toutes les filières, avec un taux de couverture passant de 98 % en 2020 à 87 % en 2035 ;
    o une dualisation accrue de la géographie productive, au profit du Grand Ouest ;
    o une érosion des structures moyennes et de petites tailles, aux maillons des fermes comme des industries : une réduction de 34 % des fermes élevant des animaux et 30 % des emplois associés, ainsi qu’une disparition de 20 % des outils d’abattage-découpe et 14 % des emplois agro-industriels ;
    o des pertes environnementales d’ensemble : si les émissions nationales de GES baisseraient de 15 %, elles seraient quasiment stables en comptant les émissions importées ; les surplus azotés resteraient importants dans l’Ouest malgré les gains d’efficience ; la perte de 18 % des prairies associée au recul des ruminants se traduirait par des impacts biodiversité et paysagers négatifs, un déstockage de CO2 et une pollution accrue de l’eau.
     
  • La mise en débat de ce scénario tendanciel doit servir à dépolariser le débat et à renouveler le cadrage des enjeux, en intégrant notamment mieux la demande. Dans cette perspective, l’analyse des risques et de la distribution des gagnants/perdants est essentielle pour explorer d’autres futurs.
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